16/11/2016
"Vous avez dit laïcité ?" Un livre de Charles Coutel et Jean-Pierre Dubois
Présentation du ivre "Vous avez dit laïcité ?": Cela fait trente ans maintenant que la laïcité hante le débat en France. Que les intellectuels et les politiques s’en disputent la définition. Que les polémistes de tous bords s’en arrogent le monopole ou la dénonciation. Que les confusions succèdent aux approximations et les outrances aux ignorances. Le dialogue que voici, ouvert, contradictoire, mené par deux éminents juristes, philosophes et historiens, constitue le meilleur des remèdes à cette hystérie nationale.
Des Guerres de religion à l’islam en France, ou de France, en passant par les Lumières, la Révolution, la IIIe République, la loi de 1905 et ses suites, leur controverse clarifie les épisodes du passé pour mieux éclairer les crises du présent, qu’il s’agisse du voile intégral dans l’espace public, des menus de substitution dans les cantines scolaires ou encore la présence des crèches dans les mairies.
Avec savoir et simplicité, Charles Coutel et Jean-Pierre Dubois affirment, dans la diversité de leurs considérations, le même message salutaire : comprendre la laïcité, c’est se protéger du fanatisme et redonner sens à cet idéal du bien public que suppose l’ordre républicain.
Professeur émérite des universités en philosophie du droit, Charles Coutel dirige l’Institut d’étude des faits religieux et est vice-président du Comité laïcité et République.
Professeur de droit public à l’université Paris-X-Nanterre, Jean-Pierre Dubois est président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme.
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22/01/2016
"Ce que dit Charlie : treize leçons d'histoire" le nouveau livre de Pascal Ory.
Nous reproduisons ici, avec son aimable autorisation, l'article que Jean-Marc Laurent, chef de rédaction magazine à "La Montagne" a donné du nouveau livre de Pascal Ory "Ce que dit Charlie : treize leçons d'histoire" (Gallimard).
Pour Pascal Ory, le radicalisme religieux du XXI e siècle est une forme d'expression politique porteuse structurellement d'un projet totalitaire. Comme l'étaient avant lui les radicalismes occidentaux qui s'opposaient à des situations de domination, d'exploitation, d'aliénation, d'humiliation. Dans son nouveau livre « d'intervention », Ce que dit Charlie, l'historien analyse et confronte les massacres de 2015 à Paris et les mouvements qui ont suivi, à l'histoire, au présent et au futur du monde, dans l'espace et dans le temps.
« Janvier 15 », moment historique du XXI e siècle, s'inscrit dans une crise générale. Pascal Ory en explore les facettes à travers un jeu de clés d'interprétations, 13 « leçons », de Sidération à Soumission, en passant par Liberté d'expression, Laïcité ou Religion (Guerre de…). 13 questionnements que l'auteur résume lui-même par quelques interrogations simples, telles que : « D'où vient que la censure serait un problème, et pas la liberté d'expression ? », ou « Pourquoi la laïcité serait-elle donc une spécialité française ? », ou encore « L'antisémitisme a-t-il une origine autre que religieuse ? »…
Le terrorisme de l'État islamique fait écho à d'autres moments terroristes occidentaux des XIX e et XX e siècle. Pour Pascal Ory, l'objectif des différents mouvements est le même : provoquer le pouvoir en place pour qu'il fasse la faute qui ralliera une partie de la société à la cause des terroristes et pousser ainsi à la guerre civile. L'attentat islamiste contemporain en terre occidentale se caractérise par l'image « globale » qu'il projette aux vivants témoins du geste assassin, « les victimes mortes n'étant qu'une arme de plus pour terroriser les vivants ».
« Dieu a de l'avenir dans l'ego de l'homme », prévoit l'historien en examinant la « globalisation » du terrorisme, depuis le « modèle absolu » du 11 septembre 2001 à New York jusqu'aux attentats de 2015 à Paris, en passant par l'Espagne du 11 mars 2004 (dix bombes dans des trains à Madrid, tuant 191 personnes), l'Angleterre des 7 et 21 juillet 2005 (quatre kamikazes se font exploser dans les transports en commun, faisant 52 morts) et Toulouse en mars 2012 (Mohamed Merah tue 7 personnes). Ces attentats marquent un temps nouveau, le passage du terrorisme local au terrorisme planétaire, « celui où l'espace de la conflagration est l'univers. »
L'amplification du désordre au XXI e siècle, écologique et économique, qui pousse le Sud vers le Nord, fait monter les nationalismes, les intégrismes et les populismes, est une redoutable machine à produire de l'acculturation et des vocations radicales. Une réponse violente à des situations de domination, d'exploitation, d'aliénation et d'humiliation porteuse d'un projet communautaire et totalitaire. Pascal Ory, comme Olivier Roy, évoque l'islamisation d'un radicalisme plutôt que la radicalisation de l'islam.
La « dramaturgie » de la guerre de religion confronte deux cultures, l'une individuelle, l'autre communautaire, qui renvoient à deux processus sociaux opposés explique Ory : « L'un va dans le sens d'une poursuite de l'intégration démocratique libérale, l'autre dans celui d'une involution communautaire autoritaire. »
Face au terrorisme individualiste de 2015, la réaction de la société française montre qu'il peut exister des réponses collectives au communautarisme autre que la guerre ouverte ou le pogrom, termine Pascal Ory.
Pascal Ory, Ce que dit Charlie : treize leçons d'histoire, éd. Gallimard, 248 p., 16 €.
Jean-Marc Laurent
14:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2015
Vient de paraître « L’après-Charlie. Vingt questions pour en débattre sans tabou »
Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la Laïcité, Lylia Bouzar, présidente du Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) et Samuel Grzybowski, président-fondateur de l’association « Coexister » se sont unis pour rassembler les questions les plus dérangeantes et les poser à des lycéens.
Est-on obligé de dire « Je suis Charlie » ? La première question est directe. Comme pour les 19 suivantes trois lycéennes ou lycéens donnent leurs points de vue. Et les trois co-auteurs apportent leurs analyses. L’objectif est ainsi clairement déterminé. Il s’agit de dépasser l’émotion initiale à la suite des massacres de début janvier 2015 pour aborder ces questions de façon rationnelle. Pas de moralisme ni de tabou ! Les trois auteurs se sont concertés. Leurs personnalités et leurs parcours sont fort différents. Ainsi que les organisations qu’ils animent. L’Observatoire de la Laïcité est une institution. Le CPDSI un organisme fondé par Dounia Bouzar. L’association Coexister reste moins connue quoiqu’elle aussi très active.
Les jeunes ont été contactés via Twitter. Les réponses les plus significatives ont été conservées, et tous les points de vue illustrés. Les auteurs commentent ces réponses ainsi : « Nous nous attendions à davantage de dureté ou d’incompréhension. Nous savons d’ailleurs que certains des jeunes interrogés tiennent auprès de leurs amis des propos bien plus durs que ceux qu’ils partagent ici. Nous croyons que cela réside dans le fait qu’ils ont été écoutés. La parole qui leur est donnée modère d’elle-même leur propos. La raison et le sentiment de responsabilité prennent le dessus sur l’émotion et l’impulsion lorsqu’un lycéen se sent entendu et interrogé pour ce qu’il croit ». La lucidité et la franchise sont à l’ordre du jour.
Les autres questions confirment le fait. Sous le thème générique de la liberté d’expression, les spectacles de Dieudonné, les dessins des caricaturistes de Charlie, l’antisémitisme, les leçons données aux musulmans… sont abordés. Autre thématique brûlante : l’indignation à géométrie variable. Les interrogations liées aux discriminations sont regroupées également. La quatrième thématique à trait aux rumeurs et aux complots. La cinquième thématique concerne les religions en tant que telles pour aboutir à la laïcité au service du vivre-ensemble.
Nous avons sélectionné trois questions pour que les internautes aient une idée plus précise du livre, ainsi que des réponses qu’ils pourraient eux-mêmes apporter avant de les confronter à celles des lycéens et des rédacteurs.
« Pourquoi les synagogues sont-elles protégées et pas les mosquées ? »
« Pourquoi ce silence sur l’assassinat et la persécution par des bouddhistes fondamentalistes des musulmans de la province de Rohingya en Birmanie ? »
« Si les professeurs doivent être neutres , pourquoi les élèves seraient-ils obligés de l’être ? »
La bien-pensance est loin. C’est la recherche du bien commun qui est à l’ordre du jour.
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