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24/06/2015

Retour sur le débat restauration collective et laïcité

Une Rencontre-Débat a été organisée par le Collectif laïque d'Eure et Loir "Laïcité et restauration des enfants et des jeunes. Un enjeu éducatif et social au-delà de l’enjeu alimentaire" le mercredi 17 juin 2015 au Cercle laïque de Dreux.

 

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A l’initiative du collectif Laïcité d’Eure-et-Loir, une rencontre-débat a réuni une cinquantaine de participants, venus de tout le département, pour discuter de la restauration collective des enfants et des jeunes dans le cadre du service public (de la maternelle au lycée, centres de loisirs). Charles Conte et Michel Le jeune, chargés de mission à la Ligue de l’enseignement, ont introduit les échanges avec la salle par une présentation en deux temps. D’abord des éléments relatifs aux interdits et aux prescriptions alimentaires, à différencier des diététiques particulières permanentes ou temporaires, ont été rapidement présentés, ponctués d’anecdotes et d’observations de terrain. Deux principes de base ont été rappelés : chacun est libre de choisir son type d’alimentation, et chacun a le droit de penser ce qu’il veut de tel ou tel aliment. Cependant, l’alimentation entretient des liens avec les différentes religions mais aussi avec des interdits culturels et philosophiques, la notion d’interdit étant alors liée à l’image qu’on se donne d’un aliment. A été également rappelé qu’il faut bien distinguer les pratiques cultuelles des pratiques culturelles. Chacun est ainsi libre de choisir un niveau d’exigence face à la culture ou à la religion, de respecter de manière plus ou moins forte les prescriptions et autres interdits. Il faut savoir qu’en ce qui concerne les religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam), les règles d’interdiction alimentaires passent après le respect de sa propre vie.

Dans un second temps de son exposé, Michel Le Jeune s’est davantage attardé sur le principe de laïcité, présent tant dans la constitution de 1958 que dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En toile de fond, une exigence : la liberté de conscience, qui  est irréductible à la seule liberté religieuse. La laïcité est aussi « un principe de droit politique, c’est un idéal universaliste d’organisation de la cité et un dispositif juridique qui en rend possible la réalisation concrète ». Michel Le Jeune s’est ensuite appuyé sur les textes règlementaires récents : la circulaire du 16 août 2011, la norme AFNOR NF X50-220, l’arrêté du 30 septembre 2011.

Deux éléments principaux sont à retenir de ces textes qui se complètent. D’une part, les collectivités territoriales sont compétentes pour poser les règles en la matière (communes pour le primaire, conseil départemental pour les collèges, régions pour les lycées), qui doivent être claires, bien établies et connues de tous, usagers comme personnels. D’autre part, le service doit prendre en compte les convictions des usagers dans le respect des règles fixées. Pour une mise en œuvre respectueuse du cadre républicain et de la liberté de chacun, trois principes doivent donc coexister : un respect de la règlementation, avec la neutralité de l’Etat, ce qui implique qu’il n’y ait ni halal, ni casher ; un respect de la liberté de conscience ; les usagers du service de restauration doivent pouvoir manger à leur faim et correctement. Les élus sont donc tenus de faire des choix, et ceux qui offrent des menus différenciés, avec ou sans viande, avec ou sans porc, ne dérogent pas au principe de laïcité. En fait, les opérations techniques de restauration découlent des choix opérés par les politiques. Et c’est bien en effet une question politique qui est sous-jacente à ce débat : souhaite-t-on inclure ou non le maximum d’enfants et de jeunes dans les services de restauration collective publique ?

Poser des limites, éviter de céder aux pressions et aux exigences d’une seule religion, informer clairement les familles, recueillir lors des inscriptions les choix faits par les parents parmi les propositions de menus de la collectivité, toutes ces mesures permettant de rétablir de la sérénité exigent un accompagnement des personnels et des formations adaptées.

Plusieurs questions posées au conférencier ont d’ailleurs porté sur ces aspects-là, à partir des observations faites par les personnels d’une ville comme Vernouillet. A été abordée également l’augmentation des coûts en lien avec la variété des menus, mais aussi avec le choix de produits de qualité, bio ou non. Pour répondre à la question des prestataires de service sollicités par les communes, des exemples d’organisation locale sur certains territoires de l’Ouest de la France, avec création d’une unité de production de repas, ont été cités.

Face aux inquiétudes de certains, Charles Conte et Michel Le Jeune ont bien rappelé que la solution proposée est avant tout politique, qu’il ne s’agit pas d’une défaite mais bien d’un compromis qui permet le vivre ensemble, propos étayés par un administrateur de la FOL 28 citant la démarche de la ville de Lyon. Un exemple probant et encourageant pour tous ceux qui affrontent les défis quotidiens.

 

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 Charles Conte, Michel Le Jeune et Martine Trofleau, des DDEN (Délégués départementaux de l'Education nationale) Source: L'Echo républicain

L'Echo républicain a annoncé puis commenté cette initiative dans ses éditions des 17 et 19 juin, sous la plume de Valérie Baudoin

Compte-rendu rédigé par Lydie Heurdier-Deschamps, membre du Collectif laïque au titre de la Fédération des Oeuvres Laïques.

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